4 mai 2011

Mayo Bizarro


On se souviendra de mai 2011. Ou du moins, du début du mois de mai 2011.

Le premier jour du mois, le président des États-Unis, Barack Obama, annonce au cours d'une conférence de presse s'étant déroulée en fin de soirée, vers 23 heures, qu'un commando des Navy Seals est parvenu à assassiner Oussama Ben Laden. Au-delà des doutes de certains, je crois que la surprise a été presque généralisée. Soit on le croyait déjà mort, soit on se disait qu'il s'était évaporé dans l'air ambiant, mais qui aurait cru probable que Ben Laden habite dans un palace en banlieue de la capitale pakistanaise, à deux pas d'une académie militaire?


Cette nouvelle à peine digérée, voilà que 39,6% des électeurs canadiens se prononcent en faveur d'un gouvernement du parti conservateur, qui emporte une majorité de sièges à la chambre des communes. Pour un très grand nombre de Québécois, il s'agit du pire scénario que nous pouvions imaginer, pour toutes sortes de raisons. Mais nous, pour qui avons-nous voté? Nous avons pratiquement éliminé le Bloc Québécois de la carte électorale en permettant au Nouveau Parti Démocratique de Jack Layton de s'emparer de l'opposition officielle. C'est du jamais vu, et personne, pas même les partis concernés, ne s'attendait à une telle commotion.


D'ailleurs, le prochain qui dit que «ce n'était pas une vague orange, mais un tsunami!», je le coule dans le plomb pour le lancer dans le Lac aux Castors.


Puis vient le lendemain de veille. Les médias tentent d'apprivoiser tous les nouveaux députés, dont certains dissimulent mal leur surprise d'avoir été élus. Mais où se cache Ruth Ellen Brosseau, nouvelle députée néo-démocrate de Berthier–Maskinongé? Rappelons-nous ce qu'on sait d'elle : elle n'a jamais mis les pieds dans sa circonscription, elle qui habite à Gatineau, travaille dans un pub de Ottawa, et ne parlerait qu'anglais malgré la nature quasi unilingue francophone de ses électeurs. On sait aussi qu'elle s'est permis un voyage à Las Vegas pendant sa campagne et que surtout, qu'elle est introuvable depuis son élection, ce qui est tout à fait inusité. Même l'Agence France-Presse trouve la chose assez amusante pour en faire mention.


Comme si cette élection n'avait pas déjà assez l'air d'un sitcom, il fallait bien sûr que Muguette Paillé, la madame qui s'est fait connaître bien malgré elle pendant le débat des chefs en français, habite précisément dans Berthier–Maskinongé. Et voici que les adversaires de madame Brosseau soupçonnent des irrégularités dans son dossier de candidature, incluant des signatures contrefaites et des signataires habitant à l'extérieur de la circonscription. Ce ne sont que des soupçons jusqu'ici, et le NPD nie le tout, mais ça donne envie d'aller se faire du popcorn pour observer la suite.


Pas le temps de reprendre son souffle et on reçoit déjà les nouvelles d'une autre disparue. Vers 8h le 4 mai, le service de police de la ville de Montréal annonce avoir retrouvé les restes de Jolène Riendeau, qui a été vue vivante pour la dernière fois en avril 1999 à Pointe-Saint-Charles, alors qu'elle était âgée de dix ans. Ça non plus, on ne l'a pas vu venir. Je crois me souvenir que c'était la première fois qu'une disparition d'enfant était médiatisée avec une telle ampleur, chose qui est devenue courante par la suite, qu'on pense à Julie Surprenant, David Fortin ou Cédrika Provencher.


Malheureusement, ça rappelle aussi des blagues de très mauvais goût qui avaient fusé à l'époque, probablement davantage en réaction au million d'affiches qui ont envahi le paysage qu'en dérision de la disparition de Jolène – car ce n'est pas drôle du tout, bien entendu.


Or aujourd'hui, c'est encore moins drôle. 
La police affirme être sur une bonne piste mettre la main au collet du coupable. Elle a en effet confirmé qu'il s'agit d'un homicide. S'il restait un mince espoir, c'est chose du passé. Toutefois, le fait de savoir permettra peut-être à sa famille de clore cet épisode douloureux, en quelque sorte.

Tout ça, et le mois n'a que quatre jours. Je souhaite que le mois de mai 2011 continue de la même façon et qu'on puisse véritablement se gratter la tête chaque jour devant des nouvelles aussi étonnantes.

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