3 mai 2009

Rallye métro-bars #8 : Verdun

Je l'attendais avec impatience : nous avons pigé la station Verdun mardi dernier, le 28 avril. Pour la première fois, j'ai pu me rendre au point de rendez-vous à la marche. Ça fait changement, après la soirée à Langelier.

C'est la première soirée métro-bar sans le Canadien, mais l'après-saison commence bien. Nous avons droit à deux matchs #7 ce soir. Le premier oppose les Capitals de Washington aux Rangers de New York, et l'autre voit les Devils du New Jersey affronter les Hurricanes de la Caroline. Ma prédiction : après ce soir, il n'y aura plus de hockey dans la région de New York jusqu'à l'automne.

Nous devons toutefois trouver un bar, et nous sommes à Verdun. La légende veut que l'ancienne ville de Verdun possède un règlement interdisant tout débit d'alcool sur son territoire. On fait souvent référence à une certaine «Loi Scott», pour désigner ce règlement. La loi permettrait à toute municipalité d'interdire l'ouverture de débits de boisson sur son territoire. Ce n'est pas exactement la vérité.

Un peu d'histoire
La loi Scott, en vérité la Loi de tempérance du Canada, trouva source en 1864, alors que le parlement du Canada-Uni adopta un règlement tel que décrit plus haut. Quatorze ans plus tard, la loi fut étendue à l'ensemble des provinces britanniques de l'Amérique du Nord (qui n'étaient pas encore toutes canadiennes).

En 1898, le gouvernement canadien posa la question suivante à ses citoyens par voie de référendum : «Êtes-vous favorable à la passation d'une loi défendant l'importation, la fabrication ou la vente de spiritueux, vins, bière, ale, cidre et de toutes autres liqueurs alcooliques comme breuvages?» L'option du OUI l'emporta par 51,2 % à l'échelle canadienne. Cependant, cette loi épeurante ne fut jamais adoptée par le parlement, notamment en raison de son rejet massif par une province. Le Québec fut la seule province à voter NON, par un massif 81,5 %.

Le gouvernement fédéral laissa les provinces décider elles-mêmes.

C'est ainsi qu'en 1919, au Québec, une question référendaire d'une orientation assez différente fut formulée : «Êtes-vous d'opinion que la vente des bières, cidres et vins légers, tels que définis par la loi, devrait être permise?» Le OUI l'emporta par 78,62 %, ce qui limita la prohibition provinciale aux spiritueux à partir de cette même année. Seules sept circonscriptions votèrent NON à ce référendum, dont celle de Huntingdon. Stéphane Gendron avait-il un arrière-grand-père militant?

À partir de ce moment, le Québec était le seul endroit au nord du Mexique où de l'alcool était vendu légalement.

Deux ans plus tard, la prohibition fut déjà abolie au Québec, et la Commission des Liqueurs du Québec vit le jour. Elle devint plus tard la SAQ et nous l'aimons tendrement.

De retour à Verdun
Verdun adopta un règlement en 1965 interdisant l'établissement de certains débits d'alcool à l'intérieur de ses limites, mais ce règlement fut abrogé en 1996. Conséquement, il y a des bars à Verdun. Probablement pour des raisons historiques, il y en a cependant très peu, et on trouve plusieurs vieilles tavernes immédiatement à l'extérieur des frontières de l'arrondissement.

Revenons à notre défi. Quoiqu'on puisse en penser, il n'y a pas un seul endroit où la rue Wellington est à une distance de marche inférieure du métro Verdun que d'un édicule du métro de l'Église. Au point où c'est le plus serré, ce dernier l'emporte par environ 40 mètres. Nous devons donc nous concentrer sur la rue de Verdun vers l'ouest.

Rapidement, il est clair qu'il n'y a que deux options. Le Billard Desmarchais est situé en haut d'un escalier long, brun et étroit. C'est horriblement winner : tables de pool (évidemment), tables de poker (hein?), éclairage de cafétéria, la radio qui joue, et une TV... qui annonce le menu musical de la soirée. Pas de game. On s'en va.

Le seul autre choix est le splendide Resto-Bar Nouveau Verdun. Je connaissais le resto-bar, mais c'est maintenant devenu un restaurant et un bar côte à côte. Il y a un mur entre les deux. Alors nous considérons la section bar comme un endroit qui nous est inconnu.

Nous sommes charmés. Marilyn la barmaid nous demande laquelle des deux séries nous aimerions regarder, et anime la discussion avec quelques habitués complètement saouls. On commence par regarder les Capitals mettre fin à la saison des Rangers. Puis nous sommes témoins d'une fin de match comme il ne s'en fait pas assez. Les Devils se dirigent vers une victoire de 3 à 2 contre les Hurricanes, au grand plaisir de Marilyn. Coup de théâtre : à une minute et vingt secondes de la fin du match, l'égalité est créée. Quarante secondes plus tard, Martin Brodeur est déjoué de nouveau et les Hurricanes prennent les devant.

Après ce soir, il n'y aura plus de hockey dans la région de New York avant l'automne. Mais il y aura dorénavant des sorties à Verdun. Cheers.

Pistes d'exploration dans les environs : aucune. À moins qu'on trouve une taverne au coin de de la rue de Verdun et du boulevard Lasalle?

Voir le texte de Ben ici. Il complète bien ce qui précède avec plusieurs informations pertinentes que je n'ai pas mentionnées.

4 commentaires:

Ben a dit...

Merci pour les informations historiques concernant cette fameuse légende.

Ça devient plus instructif que prévu, ce projet de malades.

LeDZ a dit...

Qu'est-ce que j'aime le projet...

On peut en faire partie ?

Wow ! C'est vraiment une idée de génie !

Alexandre a dit...

@LeDZ: Étant donné le déroulement chaque soirée de pige, ce serait assez compliqué d'impliquer plus de gens. Le fait qu'on pige littéralement à la minute où on part de chez nous complique un peu l'établissement d'un rendez-vous avec d'autres. Aussi, notre système de règles est plutôt complexe même si les trois quarts n'ont jamais été verbalisées. Un tiers pourrait ne pas comprendre nos motivations à certains moments...

Mais il n'est pas exclus qu'on essaye bientôt une soirée ouverte à tous pour voir ce que ça donne. L'invitation serait lancée un peu à l'avance... et le nom de la station serait annoncé à la dernière minute, comme d'habitude.

Nous en parlerons ce soir. Mais je ne sais pas encore où, naturellement. On vous tient au courant.

Anonyme a dit...

Tu viens de changer ma vie en me disant que des bars existent à verdun (à part le billard desmarchais qui est plutôt un restant de bar clandestin où les jeunes de 16 ans se rassemblent après avoir téter une quille de blacklabel dans une ruelle).

Merci!

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