J'ai besoin d'un coup de main.
Au fil des ans, j'ai écrit bon nombre d'histoires courtes mettant en vedette des personnages aux noms loufoques, qu'on ne pense qu'à Vraisemblablement, qui a choisi de changer son nom au beau milieu de mon récit, sans que je l'y autorise vraiment, ou encore à Bfhjkmpf, qui se prononçait «banane».
Plusieurs de ces histoires portaient un message, parfois tellement mal enfoui qu'il s'évaporait et on n'y comprenait rien. Un personnage obscur est revenu à plusieurs reprises, sans que je le reconnaisse chaque fois. C'est en repensant au canon du monde imaginaire où tout ceci se déroule que j'ai réalisé qu'il est bien le même individu que j'ai déjà visité à plusieurs reprises en rêve.
On pourrait imaginer l'anonymité même, un être silencieux, presque absent, la silhouette d'un panneau indiquant un passage piétonnier, sans caractéristique observable. Bref, un peu ce que nous sommes les uns pour les autres avant le premier mot, le premier son ou le premier regard, selon ce qui vient en premier.
Sans autre contact que son utilisation comme moyen de transmettre quelques idées, comment pourrais-je en savoir plus sur ce personnage qu'au sujet de l'ouvrier qui a fabriqué mon stylo? Vrai, je l'ai placé sur le chemin de certains événements et je lui ai même prêté quelques actions sous forme de narration. Je le connais un petit peu.
Aujourd'hui, de vastes travaux sont en cours afin de créer une œuvre qui sera, somme toute, une exposition du fonctionnement de mon monde. Pas le monde imaginaire mentionné précédemment, pas un récit fictif, pas même vraiment un récit, en fait. Peut-être un patchwork d'explications retenues ensemble par des fils conducteurs ténus.
J'ai découvert que ce vaporeux personnage réside au centre de toute cette histoire. Il est toujours seul dans sa petite maison à l'écart du village, sur la colline, et continue de cultiver ses choux qu'il vend au marché une fois par semaine. Il ne le sait pas encore, mais il s'apprête à vivre sa dernière aventure, la plus importante.
Toutefois, il n'a toujours pas de nom.
Je ne peux pas écrire un mode d'emploi du monde en utilisant un personnage qui ne serait jamais nommé... Perec, dans l'Oulipo, a fait La Disparition; nous admirons tous son brio, mais laissons-lui son sillon.
J'en suis donc là. Tenter toutes sortes de contorsions syntaxiques afin de ne jamais avoir à employer le nom d'un personnage qui n'en a pas. Peut-être aurez-vous une idée de la voie à suivre pour découvrir comment s'appelle le bonhomme sur la colline.
Peut-être devrais-je le lui demander?
Jetez une idée, quelle qu'elle soit. «Tout comme une jeune fille naïve, une idée prend de la maturité en étant bousculée, brusquée et culbutée.»
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Arturo Navel.
27 janvier 2011
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