20 décembre 2010

Stanstead et 386 km pour une bière

Il me fallait mettre la main sur une Chimay Grande Réserve. Il s'agit d'une bière belge produite par les moines Cisterciens Trappistes de Chimay. Il était impératif que j'obtienne coûte que coûte cette bouteille le plus rapidement possible. Un rapide coup d'oeil sur le site de la SAQ me confirma qu'il n'en restait qu'un seul exemplaire en vente au Québec, et qu'il était situé dans la succursale du 201, rue St-Georges à Windsor, en Estrie.

Une grande aventure s'annonçait...


Tel que convenu, nous nous rejoignons à 10h au terminus d'autobus de Longueuil. Nous devons nous rendre à St-Hubert au moyen d'un autobus du Réseau de transport de Longueuil afin d'y récupérer le véhicule qui nous permettra d'atteindre l'objectif. Mon compagnons de route est le même qui partage avec moi la très sacrée Mission Métro-bar Montréal.


Stanstead


Nous caressons depuis un moment l'envie irrationnelle d'aller taquiner la frontière américaine dans le village de Stanstead, situé tout juste au bout de nulle part, à l'extrémité sud de la route 55. En fait, il s'agit du nom de la partie canadienne du village, car il forme un tout avec Derby Line, situé dans le Vermont. Ce qui nous attire est principalement la présence d'une douane en plein milieu de ce qui ressemblerait autrement à une simple petite bourgade parsemée d'arbre et divisée par une rivière.


L'homme qui nous accueille au bureau d'information nous indique qu'autrefois, les douaniers en venaient à reconnaître les habitants de l'endroit et leur envoyait la main au lieu de chaque fois exiger passeport et raison du déplacement. Il faut comprendre qu'un résident de Stanstead peut facilement devoir traverser la frontière pour faire son épicerie aux États-Unis, tout comme un résident de Derby Line devrait montrer patte blanche simplement que pour se rendre au restaurant La Vieille Douane, situé tout juste à côté de la douane canadienne actuelle. Depuis
 ce qui s'est produit en septembre 2001, chaque passage est étroitement contrôlé, passeport obligé, même si c'est simplement pour aller au dépanneur à deux coin de rue de chez soi. Conseil : ayez votre passeport en main afin de pouvoir explorer les deux côtés du village.


À au moins un endroit, la frontière est délimitée par une simple ligne blanche peinte sur la chaussée, accompagnée d'une petite borne blanche. Le préposé nous parle d'aller voir la bibliothèque Haskell, qui abrite également la salle d'opéra du même nom, puis s'interrompt : «Êtes-vous en voiture? N'y allez pas en voiture, allez-y à pied. Si vous traversez la ligne peinte sur le sol en voiture, ils prendront votre plaque d'immatriculation en photo et ça vous coûtera 5000 $. Si vous restez sur le trottoir, vous pourrez traverser, mais seulement pour aller voir la bibliothèque.» C'est noté : on reste sur le trottoir, sinon on nous fusillera.




Cet édifice à la fois élégant par son architecture et médusant par son histoire fut volontairement construit à cheval sur la frontière au début du vingtième siècle, ce qui en fait un salle de concert unique au monde : la majorité des spectateurs sont assis aux États-Unis pour assister à un spectacle qui se déroule au Canada. La salle d'opéra située à l'étage, où se sont produits de nombreux artistes dont Oliver Jones, permet de financer la bibliothèque gratuite qui se trouve au rez-de-chaussée. L'entrée de la bibliothèque est située au Vermont, alors que son entière collection de livres se trouve en sol québécois.





Nous roulons brièvement vers l'ouest pour aller observer une autre curiosité située dans le secteur Beebe, fusionné à Stanstead en 1995. La rue Canusa se trouve pile sur la frontière. En fait, la chaussée est entièrement au nord, mais les maison qui s'y trouvent du côté sud de la rue sont en territoire américain (à droite sur cette photo). Et lorsqu'on arrive au bout de la rue, il y a une douane de chaque côté – sur cette image, on voit le drapeau américain près de la douane située à gauche, et on aperçoit le début de l'édifice de la douane canadien, tout près du panneau «Arrêt».

Windsor et retour


Satisfaits de notre exploration de l'extrémité sud de l'Estrie, nous mettons le cap au nord. La ville de Windsor au Québec ne recèle malheureusement rien d'extravagant au premier coup d'oeil. Et nous n'en avons pas jeté de deuxième après avoir rigolé comme des gamins en achetant la toute dernière Chimay Grande Réserve en vente à la SAQ. Nous avons évidemment annoncé à la caissière la réussite de notre mission. Elle n'a pas semblé impressionnée, mais je crois qu'elle a apprécié l'anecdote. Peu importe.


Nous sommes passés par Drummondville sur le chemin du retour afin d'aller goûter à une poutine autre que celle du Roy Jucep, que nous avions testée lors d'une précédente aventure. Je vous reviendrai sur la poutine et sur Drummondville. En bref, j'ai certaines réserves.


Pourquoi tous ces détails encombrants? Pourquoi ne pas avoir simplement fait état de notre découverte de Stanstead au lieu de la placer au centre d'une journée où nous avons parcouru 386 kilomètres en voiture? Parce que notre journée ne s'est pas arrêtée là. Le reste fait partie de la Mission Métro-bar susmentionnée, et vous pouvez en connaître le rapport détaillé en cliquant ici.

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