1 octobre 2012

Je crois au doute... et au maïs

Je crois au maïs.

Ce texte ne vise pas à affirmer que le maïs transgénique est bon pour vous. Vous allez voir...

On parle depuis quelques temps de la plus longue étude jamais réalisée sur l'éventuelle dangerosité d'un type de maïs génétiquement modifié bien spécifique, le NK603. Évidemment, ses conclusions ne s'étendent pas nécessairement à l'ensemble des organismes génétiquement modifiés (OGM).

À première vue, c'est formidable qu'une telle étude ait eu lieu. Mais sans en connaître toutes les virgules, il est impossible de dire si même le plus grand exposé se tient droit debout ou s'il comporte des failles majeures qui le feraient s'écrouler. Longue, cette étude, mais combien large? Vingt individus dans le groupe témoin? Seulement deux cent têtes au total? Oh... Et pour l'instant, on n'en connaît que de grandes lignes sans nuances.

Certes, moi aussi, les rats pleins de tumeurs dont on a vu circuler des photos, j'ai trouvé ça horrible. On a voulu montrer ces pauvres bêtes pour toucher l'opinion publique, et ça a fonctionné, si on se fie à l'emballement de certaines personnes. Toutefois, si on tient compte du fait que ce type de rats — les malheureux! — développent spontanément des tumeurs avec l'âge, ce qui explique qu'on ne les utilise spécifiquement que dans des études bien plus courtes, question de ne pas contaminer les résultats... et considérant que cette tendance à développer des tumeurs s'accentue lorsque l'alimentation des dits rongeurs n'est pas bien contrôlée — les chercheurs refusent de fournir les données complètes concernant l'alimentation de leurs cobayes —, il serait peut-être temps de concevoir que l'étude dont on parle possède de graves lacunes.


Une étude indépendante?

Je le concède, une étude sur la dangerosité des OGM, si elle est menée par des chercheurs embauchés par une entreprise dont la raison d'être est de produire des OGM, ça laisserait un arrière-goût d'incertitude. Remarquez, la même chose serait vraie si une telle étude était financée par Greenpeace, par exemple, dont la raison d'être est de dénoncer tout ce qui peut sembler mal pour l'environnement. Or, le CRIIGEN, qui a discrètement mené l'étude qui nous concerne et dont le deuxième I du sigle signifie «indépendante», est-il vraiment un groupe indépendant?

Bien sûr que non. Il s'agit d'un groupe militant contre les OGM depuis de nombreuses années. Le premier I du sigle, c'est pour «information», et ils diffusent effectivement, depuis le début du siècle, bonne quantité d'information allant toujours dans la même direction — direction qui va à l'opposé de celle du résultat d'études menées non seulement par des entreprises ayant un intérêt dans l'usage d'OGM, mais également à l'opposé des quelques études véritablement indépendantes qui ont été menées et qui n'ont jamais démontré qu'un danger nous guette.

Bref, cette étude ne règle rien, et la question reste entière.

Que des gens doutent du danger ou de l'innocuité des OGM, je le trouve très sain. Que de nombreuses personnes, qui n'oseront pas toutes l'admettre, en aient peur, je peux le comprendre. Que certaines autres affirment qu'elles sont absolument certaines de leur réel danger, c'est signe que ces gens ne connaissent pas la signification de certitude et font plutôt référence à leur croyance.

Un danger existe peut-être, grand ou petit. Chose certaine, s'il est réel, il ne se laisse pas coincer facilement. D'ici à une découverte concluante, ceux qui y «croient avec certitude» ne peuvent prétendre à autre chose qu'à la foi. On peut y croire, mais on ment en affirmant savoir.

Ce texte ne vise pas à affirmer que le maïs transgénique est bon pour vous.  J'espère vraiment qu'il l'est. J'espère même qu'on pourra en faire la démonstration et que la modification génétique d'aliments pourra un jour être utilisée pour nourrir plus de gens, pour mieux les nourrir, sans qu'ils développent de tumeur.
À défaut de conclusions claires de la science à ce sujet, je préfère bien sûr le maïs qui pousse au naturel.

J'espère que notre inquiétude est infondée. Mais je ne le sais pas. Le monde de la connaissance est loin d'avoir tranché. [Ajout le 18 mai 2014 : c'est faux, il a tranché.] Le doute demeure la seule rigoureuse vérité, à ce sujet comme à tant d'autres.


(Le récent texte de Valérie Borde, 
Anti-OGM, climatosceptiques: même combat ?m'a poussé à finir d'écrire ce qui précède, qui mijotait depuis un moment. C'est à lire si vous désirez en savoir plus.)

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