31 janvier 2011

Trente


C'est ici qu'encore une fois, tout est permis...
C'est maintenant chose faite. Je suis devenu un partisan de la trentaine. Je parle d'âge, pas d'œufs. Je me vois davantage d'avenir à trente ans que j'en voyais à vingt, ce qui est plutôt paradoxal puisque c'est rigoureusement faux.

À mes lecteurs ayant dépassé trente ans : je vous prie d'aller faire autre chose. Vous savez déjà ce qui suit.


Aux autres, vous angoisse-t-elle, la trentaine? Remplacer le 2 par un 3 en écrivant son âge, c'est somme toute bénin. Vous souvenez-vous d'avoir remplacé le 1 par un 2 dans la colonne des dizaines?


Moi, je m'en souviens clairement. Ça m'a pris trois mois pour l'assimiler. D'aucuns sauront que j'ai une aversion envers les nombres dits «ronds». Cependant, inévitablement, vingt ans et trente ans sont des étapes, des symboles qu'on ne peut que difficilement ignorer. J'ai su trouver un sens à chaque âge entre les deux, alors je ne peux pas simplement laisser passer ce nouveau stade sans y penser un instant.


À vingt ans, qu'on choisisse ou non de continuer sur la voie empruntée à la fin du secondaire, on se trouve à s'orienter dans une direction qui nous définira. On ne le sait pas encore, mais oui, elle nous définira. Qu'on choisisse de poursuivre ses études en physique nucléaire, d'aller planter des arbres en Alberta ou de faire du cégep une carrière, on aboutit finalement quelque part et il s'agit d'expériences que nous avons choisi de vivre à un moment où on ne sait pas où on s'en va. Oh, certes, on peut être certain d'où on se dirige à vingt ans. Sauf erreur, l'idée qu'on se fait alors de notre avenir, pas seulement professionnel mais en général, c'est n'importe quoi.


Et par «n'importe quoi», je ne voudrais pas suggérer qu'il s'agisse de temps perdu. Loin de là.


Alors où cela nous laisse-t-il à trente ans? Quoi qu'on ait décidé de faire avant, on a maintenant dix ans de plus de ces expériences, et on s'y appuie continuellement. Ce n'est pas l'heure de vivre dans le passé, bien au contraire, mais on ne peut nier qu'on agit en fonction de ce qu'on connaît. Ce qu'on connaît, on l'appris, on l'a vécu, et ça ne peut être que dans le passé.


Peu importe l'âge, c'est une bonne idée de prendre une pause et de penser à ce qui s'en vient. Supposons qu'on le fasse à trente ans. Assurément, on en connaît tous plus à cet âge que dix ans avant. Certainement, on est un peu plus sage, que ça paraisse ou non. On sait, même si on ne le montre pas toujours. Et quand on pense aux prochaines années, on place bon nombre de balises inspirées du passé. Ce n'est pas un luxe qu'on pouvait se payer à vingt ans, ou si peu.


Au lieu de voir cet âge comme la fin d'une époque, voyons-le plutôt comme un pivot, s'il faut absolument y accorder une importance. Se remettre en question à l'occasion, c'est sain. Prendre de l'âge permet de le faire plus efficacement si on est honnête avec soi-même — je sais, ce n'est pas donné à tous. À trente ans, on est donc plus sage, il reste assez d'énergie pour lancer des projets, et en bonus, on est généralement plus beaux que dix ans plus tôt.


John Lennon a composé la chanson Life Begins At 40. Malheureusement, il a été soustrait de cette règle, mais je crois qu'il aurait été d'accord d'amender son propos pour plutôt affirmer que la vie commence au moment où on choisit qu'elle commence.


(Je réfute toute forme de supposition selon laquelle je me lancerais dans une carrière de jovialiste ou de conférencier du bonheur ou de coach de vie. Mais si vous voulez m'engager, je suis partant.)

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