Je fais référence, bien sûr, à son entrevue avec Julius Grey, que vous pouvez visionner sur le site web de Télé-Québec. Il aborde, entre autres thèmes, la question délicate suivante : quelle cause serait indéfendable? L'intervieweur soumet l'exemple de Roman Polanski, à son avis une crapule irrécupérable. Maître Grey affirme être très content que Polanski n'ait finalement pas été puni. Rappelons que le réalisateur américain a été condamné en 1977 en Californie, dans une affaire d'agression sexuelle envers une fille de treize ans. Il a quitté le pays avant d'être condamné et habite maintenant en France.
Cette position du juriste provoque la crise habituelle chez Martineau.
Celui-ci, connaissant son rôle de polémiste, s'insurge d'abord que l'avocat puisse être satisfait que celui qu'il décrit comme un violeur d'enfant puisse s'en tirer ainsi. Malheureusement, sa position demeurera unidimensionnelle tout au long de l'entretien et en lieu d'arguments, il répétera cette position, tentant tourner en dérision la réflexion de son invité.
Julius Grey, plus nuancé, souligne quelques notions : les faits reprochés à Polanski remontent à 1977; il a déjà plaidé coupable à une accusation de rapports sexuels illégaux avec une mineure; ce plaidoyer est survenu dans le cadre d'une entente avec les procureurs (qui ont ainsi, ajouterais-je, abandonné des chefs d'accusation plus graves); la fille en question, depuis de nombreuses années, s'est prononcée en défaveur d'une poursuite des procédures contre le cinéaste; au cours des trente-trois ans qui se sont écoulés depuis l'incident, monsieur Polanski a apporté une importante contribution à la collectivité par ses films; contrairement à l'accusation frivole de Martineau, Roman Polanski n'est pas un pédophile car il s'agit, jusqu'à preuve du contraire, d'un cas isolé; les moeurs particulières des années 1970 et la récente mort de la femme du réalisateur à l'époque (Sharon Tate, éviscérée par les sbires de Charles Manson), sans justifier le geste, contribuent à ponctuer le contexte.
Chacune de ces suggestions, en soit, n'est pas tout à fait convaincante. Toutefois, lorsqu'elles sont réunies, elles permettent de comprendre le point de vue de Julius Grey. Ne pas être d'accord avec sa conclusion, c'est évidemment permis. Tenter de la ridiculiser relève de l'étroitesse d'esprit la plus martinesque. Ou de cet étrange cas de surdité partielle qui semble affliger le chroniqueur.
Je n'en ajouterai que peu au sujet de son apparente inaptitude, plus tôt dans l'entrevue, à comprendre que lorsque l'ensemble du système de valeurs d'une personne s'est érigé au sein d'une religion, la croyance n'est pas optionnelle. On ne peut pas décider de cesser d'avoir la foi comme on décide de porter une chemise bleue ou une chemise verte. Et une personne qui n'a pas cette foi ne l'acquerra pas non plus en un jour. En l'observant chez ses pairs, elle pourrait toutefois la comprendre et l'accepter – ou à tout le moins l'ignorer –, à condition de ne pas être Richard Martineau.
Quand on prend la décision de se placer dans une situation où l'on est appelé à poser des questions à un invité, la moindre des choses serait d'écouter ses réponses et d'en tenir compte dans ses propres réactions. Nous avons eu droit, mercredi dernier, à une longue tentative de ridiculisation de la part d'un intervieweur envers un invité qui ne s'est pas laissé intimider.
Cette cible malveillante n'a donc pas été atteinte. Au-delà de ce bide désolant, le seul bienfait de cette entrevue aura été de nous rendre Julius Grey plus sympathique.
Je vous laisse juger par vous-même de l'étendue des dommages en vous donnant de nouveau le lien vers le site web de Télé-Québec. Mon conseil à Patrick Lagacé : fuis.
1 commentaires:
Trouvé dans les commentaires de l'annonce de cette entrevue, sur le blogue de Richard Martineau. C'est signé Sylvain Allard.
«Je suis aussi d'accord avec les positions exprimées par M. Grey. Dans le cas de M. Polanski, et même sa victime a demandé à la justice suisse qu'il soit relâché. Cela n'excuse pas le geste de M. Polanski, mais, contrairement à un meurtre, après un certain temps il faut passer à autre chose, comme sa victime l'a fait elle même.
D'être contre la défense de criminel et d'être contre les libertés religieuses, d'orientation sexuelle, etc, est être contre les libertés individuelles et ainsi être en faveur de gouvernement totalitaire tel que vu dans la théocratie Iranienne ou Saoudienne.»
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