4 mai 2010

Destruction

Le dernier des restaurants Eurosnack a fermé ses portes l'été dernier. On y mangeait, à mon avis LA meilleure poutine à Montréal. Cette affirmation n'est pas faite à la légère et résulte d'une longue réflexion. Le Hard Rock Café de la rue Crescent est également fermé depuis septembre dernier, et le Medley de la rue Saint-Denis a suivi peu après.

La construction de l'Adresse symphonique et le changement de trajectoire du boulevard de Maisonneuve ont entraîné la fin de ce qui restait de la rue de Montigny. On se souviendra que cette rue est à l'origine du nom original de la station de métro Berri-UQAM, bien que la rue de Montigny ait déjà été rebaptisée en boulevard de Maisonneuve au moment de l'ouverture de cette station, en 1966.

Ces pertes sont malheureuses, mais ça peut arriver : on doit parfois modifier le tracé d'une rue qui ne sert à rien, et il est fréquent qu'un commerce échoue et se retrouve obligé de fermer.

Ce qui me dérange davantage, c'est lorsque la perte d'un élément déterminant est le fruit d'une décision discutable.


Le fameux T avec une flèche, logo de la Société de Transport de Montréal depuis au moins l'époque d'un lointain ancêtre — la Commission de Transport de Montréal, mise sur pied en 1950 —, a définitivement cédé sa place à d'affreux chevrons tricolores, hier. Ça ne fait pas encore deux ans qu'on peut le voir sur les autobus et ce nouveau logo me semble déjà usé...

Une source bien renseignée que j'affublerai du nom de code de «Benoit» m'indique que le logo du métro (la flèche pointant vers le bas) serait modernisé prochainement, lui aussi. Ça me paraît tout à fait inacceptable. Il s'agit d'une partie de l'identité visuelle de la ville, pas seulement de la STM.

Ces dernières années, des institutions comme le Spectrum et le bar Sherbrooke sont disparue. Bientôt, le boulevard Saint-Laurent sera défiguré et perdra un autre morceau, le Café Cléopâtre, dont la valeur historique dépasse largement pas mal tout ce qui l'entoure.

Je ne suis pas contre toute destruction. Un édifice, bien souvent, peut être remplacé, souvent par mieux. Ce qui est plus important de considérer, c'est ce qui se trouve à l'intérieur. Certes, le Vieux Dublin, le Club Soda, le Montreal Pool Room et le 281 ont été forcés de déménager, et leur relocalisation s'est avérée un succès. Ce n'est cependant pas toujours le cas, et il n'y a pas que le rapport entre l'édifice et son contenu qui compte, mais également le rapport entre l'institution et son quartier.

Si on veut «revitaliser» un quartier, il est important de le faire autour des institutions importantes qui s'y trouvent. Rien n'aurait empêché la conservation des principaux commerces du boulevard Saint-Laurent au sud de Sainte-Catherine en construisant le futur Quadrilatère. Il apparaît donc assez évident qu'il ne s'agit pas de revitalisation mais de redéfinition et d'aseptisation d'un coin qui aurait pourtant eu besoin d'un coup de main plus constructif.

Récemment, certains citoyens ont participé activement à tenter de freiner la démolition du restaurant Vincent Sous-Marins de la rue Laurier au profit de condos. Jusqu'à présent, l'effort a fonctionné. Si on est capables de se mobiliser pour sauver un misérable shack à patates en forme de grange (chose avec laquelle je suis tout à fait d'accord, en passant), pourrait-on bouger un peu quand on se fait voler des morceaux de ville plus importants?

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